[UNC] – Interview des anciens combattants

De gauche à droite : Pierre POUPONNEAU, Yves BABONNEAU, Marcel LUCAS, Pierre VALLET, Alain KEFIFIA et Louis CETTI.

A quelques jours de la commémoration du 11 novembre 1918, et en hommage à toutes les victimes des dernières guerres, la municipalité a rencontré l’association de l’Union Nationale des Combattants de La Chapelle-Heulin.

L’association est créée le 27 avril 1973 à La Chapelle-Heulin, avec à sa tête, Henri Bonneau, jusqu’en 1977. Lui succèdera Bernard Prouteau (1977-2004), Pierre Vallet (2004-2020) et Alain Kefifa (depuis 2020). L’association compte aujourd’hui 29 membres, dont des veuves d’anciens combattants, et participe aux commémorations du 8 mai, du 11 novembre et du 5 décembre (hommage aux morts de la guerre d’Algérie). L’association se retrouve également chaque année pour des moments conviviaux : un pique-nique en juin et une galette des Rois en janvier.

Quelques membres de l‘association ont accepté de partager leurs souvenirs de leur service militaire, effectué en Algérie, pendant la guerre d’indépendance de 1954 à 1962.

Marcel Lucas, porte-drapeau de l’association, est l’un d’eux. Ce natif de Saint-Christophe-La-Couperie près de la Boissière-du-Doré, est appelé à la fin du mois d’avril 1955. Il part directement en Algérie sans faire ses classes, avec sept autres jeunes de la région. Depuis Marseille, il prend le bateau pour Alger, avant d’arriver à Batna où il intègre le 9e régiment de chasseurs. Marcel va effectuer tout son service au Sahara, 28 mois au total, à défendre les puits de pétrole, vérifier les câbles téléphoniques et surveiller les caravanes des autochtones : « on fouillait pour trouver des armes ». Dans la région de Biskra, Touggourt et d’El Kantara, Marcel Lucas reste marqué par la chaleur : « jusqu’à 57 degrés avant de monter dans le train pour revenir en France. Par temps chaud, on mouillait les draps avant de se coucher, mais deux heures après, c’était sec ! ». Il se souvient aussi de son retour en France, compliqué : « après avoir rendu leur paquetage, les jeunes n’avaient même pas une chemise à se mettre sur le dos. Il a fallu appeler les parents pour qu’ils nous envoient des vêtements… ».

Originaire de La Chapelle-Heulin, Pierre Vallet commence ses classes en septembre 1958 à Rennes, suivi d’un stage de six mois à Saint-Malo pour devenir porte-radio. En mars 1959, c’est le départ pour Marseille, puis Oran. Lors de sa première sortie, son régiment est pris dans une embuscade et laisse un mort : « Un bon copain… Quand c’est la première fois, ça fait tout drôle ! ». Lors d’une sortie suivante, avec son poste sur le dos qui pèse 17 kilos, il glisse sur une pierre et tombe à la renverse : « J’ai eu très peur. Heureusement, le poste n’était pas cassé, pas même l’antenne ! Le matériel était très important ». Pierre Vallet fait quelques opérations, surtout à Aïn Sefra et Colomb-Béchar, avant de retourner à Oran ou il devient responsable du foyer du camp. Il se rappelle avec malice du service au bar : « Pour les soldats, on leur servait des doses normales, mais pour les gradés, elles étaient plus petites ! L’anisette, c’était 35 centimes de francs la dose, il y avait aussi de la bière Bao, brassée à Oran, achetée par caisses… Les légionnaires qui gardaient le camp et qui venaient au foyer, ils déposaient leur paye et buvaient tout le même soir. Cent jours avant la quille, il y en a un qui a failli me taper dessus : je n’ai pas voulu le servir car je partais manger, il s’est mis en colère, m’a suivi jusqu’à la cantine et a tout cassé. Après il a fallu faire un rapport… ». Pierre Vallet rentre en France le 22 décembre 1960.

Louis Cetti est appelé en 1957 et part en Allemagne, dans le 8e bataillon de chasseurs, où il devient radio télégraphiste. Au bout de 20 mois de service, il est envoyé en Algérie où il va rester encore neuf mois alors qu’il est soutien de famille. De son séjour en Algérie, Louis Cetti garde de nombreux souvenirs d’embuscades et de morts. A son retour au Pallet en 1959, « les gendarmes sont venus me voir pour me proposer un poste à la gendarmerie, mais ça ne m’intéressait pas ». A la place, il devient employé municipal à La Chapelle-Heulin, sous le mandat de Mr Mahot, puis à Vallet en 1976 et jusqu’à la fin de sa carrière, il y a 27 ans.

Né à La Chapelle-Heulin, Yves Babonneau suit le même parcours que Pierre Vallet : il part le 2 novembre 1960 faire ses classes à Rennes pour deux mois, puis quatre mois de stage à Saint-Malo pour devenir graphiste. Il arrive ensuite à Tiaret, en Algérie : « Pendant une petite période, je ne faisais pas grand-chose, un peu de radio. Puis j’ai été envoyé à Aflou, à l’entrée du Sahara pendant trois semaines. On m’a ensuite rappelé à la « musique », la fanfare militaire d’Oran, où je jouais du trombone à coulisses. A Tiaret, sur la base d’aviation, il y avait les avions, les hélicoptères, la Légion étrangère, un camp de prisonniers, les maîtres-chiens… C’était tout un camp ! » Yves Babonneau n’a pas connu les embuscades et n’a pas eu besoin de se servir de son fusil : « Je l’ai trimballé sous moi, en camion lors des déplacements dans la région où on allait jouer pour les prises d’armes, les festivités militaires ». Il effectue de nombreuses gardes de nuit et des escortes de train sur la ligne Tiaret-Relizane : « Tous les jours, le train partait avec deux Français et trois Harkis dans le wagon blindé, en escorte de train. Sur la fin, il n’y avait que les Français qui rentraient. Les Harkis savaient qu’ils n’avaient plus leur place dans l’armée française, ils essayaient de voler les fusils et les postes radio… Revenir à deux, ce n’était pas grave. On faisait un compte-rendu et ils étaient déclarés déserteurs, pour eux, c’était fini… Tant qu’on avait nos fusils et notre poste, tout allait bien ». Après la signature des accords d’Evian le 18 mars 1962, la fanfare est dissoute. Yves termine son service « à ramasser des cailloux » au camp de Nouvion, surnommé le « camp de la mort lente ». Après 24 mois de service, il rentre en France à la Toussaint 1962.

Pierre Pouponneau est lui aussi natif de La Chapelle-Heulin. Il part le 7 juillet 1961, directement en Algérie et fait ses classes à Nouvion : « Je suis tombé dans un régiment disciplinaire, je n’ai fait que six mois là-bas parce que je me suis cassé la jambe en faisant le parcours du combattant ». Il devient ensuite chauffeur de camion GMC, un camion américain pour le transport de troupes, et voyage beaucoup à Relizane, Tiaret, Mascara, et finit son service à Arzew. Même s’il vit beaucoup moins d’embuscades, la situation en Algérie (indépendante depuis le 3 juillet 1962) reste dangereuse car il y avait de nombreux règlements de compte entre les nationalistes et les soldats harkis. C’est de Marseille qu’il garde l’un de ses souvenirs les plus marquants : « Lors d’un retour de permission, on avait des tenues propres mais on nous a obligé à faire des corvées de poubelles. Nous, on ne voulait pas se salir, alors on se cachait dans les piaules, mais comme on ne faisait pas les corvées, on n’avait pas de ticket pour manger… »

Tous sont d’accord sur ce point : au cours de leur service, ces jeunes appelés ont reçu peu de respect et peu de reconnaissance, « en cas de révolte, on finissait vite en prison… mais, cette expérience, ça nous a mis du plomb dans la tête ! ».

Pour leur service et leur dévouement, pour leur témoignage également, la municipalité de La Chapelle-Heulin remercie chaleureusement les anciens combattants de la commune.


Union Nationale des Combattants

Qui sommes-nous ? Anciens combattants, OPEX, Soldats de France, Veuves de guerre, Veuves d’anciens combattants, membres associés…

Nos actions : L’entraide, le civisme, la Mémoire, l’aide à la reconversion.

Avec nous, tous ceux qui ont participé à des conflits pour défendre les intérêts de la France : 39-45, INDO, AFN, OPEX, trouveront au sein des anciens combattants, une structure efficace pour obtenir réparation, recevoir leurs titres et décorations, défendre leurs droits et participer aux cérémonies avec dignité et solennité derrière nos drapeaux.

Tous ceux qui servent ou ont servi la France : en tant qu’appelés ou engagés, dans les Armées, la Gendarmerie ou la Police, au sein des unités de pompiers, de la Protection Civile ou de La Croix rouge, en tant qu’élu, trouveront au sein des Soldats de France, un esprit de camaraderie. Ils constituent désormais le maillon essentiel entre les anciens combattants et les jeunes générations pour pérenniser le devoir de mémoire.

Enfin, tous ceux qui partagent nos valeurs, rejoignez-nous !

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